Principaux
facteurs de risque et prévention des accidents de la route
Les
accidents de la route peuvent être évités. Les pouvoirs publics doivent agir de
manière globale en faveur de la sécurité routière, avec la participation de
plusieurs secteurs (transports, police, santé, éducation), en s’attachant à la
sécurité des routes, des véhicules et, bien entendu, des usagers.
Il existe
plusieurs interventions efficaces: la conception d’infrastructures plus sûres
et la prise en compte de la sécurité routière dans l’aménagement du territoire
et la planification des transports, l’amélioration des dispositifs de sécurité
sur les véhicules et l’amélioration de la prise en charge des victimes
d’accident. Les interventions qui ciblent le comportement des usagers de la
route, par exemple l’élaboration et l’application de lois concernant les
principaux facteurs de risque, et la sensibilisation à ces facteurs, sont tout
aussi importantes.
Vitesse
Il existe un
lien direct entre l’augmentation de la vitesse moyenne et la probabilité et la
gravité d’un accident. En outre:
• un piéton adulte a un risque de mourir
inférieur à 20% s’il est heurté par une voiture à 50 km/h; à 80 km/h, le risque
atteint presque 60%.
• l’aménagement de zones où la vitesse est
limitée à 30 km/h réduit le risque d’accident et est recommandé là où il y a
beaucoup d’usagers vulnérables (p. ex. zones résidentielles, abords d’écoles);
• la baisse de la vitesse moyenne diminue
le nombre d’accidents mais a aussi d’autres effets positifs sur la santé (p.
ex. une atténuation des problèmes respiratoires liés aux gaz d’échappement).
Conduite en
état d’ébriété
La conduite
en état d’ébriété augmente à la fois le risque d’accident et le risque de décès
ou de blessure grave.
• Le risque d’être impliqué dans un
accident augmente sensiblement quand l’alcoolémie est supérieure à 0,04 g/dl.
• Les lois qui interdisent la conduite à
partir d’un taux d’alcoolémie de 0,05 g/dl, voire inférieur, permettent de
faire baisser le nombre d’accidents liés à la prise d’alcool.
• Les contrôles aléatoires d’alcoolémie sur
la route, qui peuvent faire baisser d’environ 20% le nombre d’accidents liés à
l’alcool, se sont avérés très rentables.
• Par rapport aux conducteurs plus âgés et
expérimentés, les conducteurs jeunes ou novices ont un risque accru d’être
impliqués dans des accidents de la route lorsqu’ils conduisent sous l’influence
de l’alcool.
• Les lois imposant une alcoolémie
inférieure ou égale à 0,02 g/dl pour les conducteurs jeunes ou novices peuvent
faire baisser le nombre d’accidents impliquant des jeunes dans une proportion
pouvant atteindre 24%.
Casque pour
motocyclistes
• Le casque pour motocyclistes, s’il est
porté correctement, peut réduire de près de 40% le risque de décès et de plus
de 70% le risque de traumatisme grave.
• Lorsqu’une législation appropriée est
appliquée, le taux de port du casque peut dépasser 90%.
• Pour réduire effectivement la gravité des
traumatismes crâniens en cas de choc, les casques doivent être conformes à une
norme de sécurité reconnue.
Ceinture de
sécurité et dispositifs de sécurité pour enfant
• Le port de la ceinture de sécurité réduit
le risque de décès de 40% à 50% pour les passagers assis à l’avant et de 25% à
75% pour les passagers assis à l’arrière.
• On a constaté que, sous l’influence d’une
législation le rendant obligatoire, le port de la ceinture de sécurité
augmentait sensiblement.
• S’ils sont correctement installés et
utilisés, les dispositifs de sécurité pour enfants réduisent de 70% environ les
décès des nourrissons et de 54% à 80% les décès des jeunes enfants.
Distraction
au volant
De
nombreuses distractions peuvent altérer la conduite mais l’essor récent, au
niveau mondial, de l’utilisation du téléphone portable au volant pose de plus
en plus de problèmes de sécurité. Le téléphone portable altère la conduite: il
allonge le temps de réaction (notamment pour le freinage mais aussi pour la
lecture de la signalisation routière) et amène le conducteur à ne pas rester
dans sa voie de circulation ou encore à ne pas respecter la distance de
sécurité.
• L’envoi et la réception de SMS distraient
aussi considérablement le conducteur, sachant que les jeunes sont
particulièrement exposés à ce risque.
• Les conducteurs qui font usage de leur
téléphone portable au volant courent 4 fois plus de risques que les autres
d’être impliqués dans un accident. Les kits mains-libres n’offrent pas beaucoup
plus de sécurité.
• Il existe peu de données concrètes sur
les moyens de réduire l’utilisation du téléphone portable au volant mais les
pouvoirs publics doivent prendre des initiatives. Ils peuvent, par exemple,
adopter une législation, lancer des campagnes de sensibilisation et collecter
régulièrement des données sur la distraction au volant afin de mieux comprendre
la nature de ce problème.
auses et
risques liés au conducteur et à son comportement
Plusieurs
facteurs de risques sont identifiés par les statistiques :
• Le sexe du conducteur ; les accidents
corporels et notamment accidents graves concernent plus souvent des hommes 4,5
; Par exemple en France en 2001, malgré d'importants efforts de prévention et
l'amélioration de la sécurité des véhicules 7 720 personnes ont été tuées par
accident de la route. 75 % des morts étaient de sexe masculin et 65 % des 153
945 blessés étaient des hommes soit un rapport d’incidences hommes/femmes de
3,1 pour la mortalité et de 1,7 pour la morbidité4 ; « La létalité et la
fréquence des blessures graves chez les survivants sont supérieures chez les
hommes pour les principales catégories d’usagers (automobilistes, deux-roues
motorisés, cyclistes, piétons), après ajustement sur les circonstances de
l’accident et l’âge des victimes. Les hommes sont plus sévèrement blessés pour
toutes les régions corporelles et conservent plus souvent des séquelles graves
»4.
• l'âge du conducteur ; il a une influence
sur le degré de perception du risque6,7, et sur le type d'accident et le niveau
de gravité pour le conducteur.
Les jeunes,
et tout particulièrement les jeunes hommes sont connus pour être plus
susceptibles de prendre des risques, y compris dans la recherche de sensation
fortes ou nouvelles, ou l'alcoolisation8 ou la prise de drogues9 et pour avoir
des « croyances » favorisant la prise de risque, face à la vitesse notamment10,
ce qui a des conséquences en termes accidentologiques11.
Avec
l'allongement de la durée de vie moyenne, et un accès plus facile à
l'automobile dans la plupart des pays riches, les seniors sont « de plus en
plus présents sur les routes avec une habitude de conduite qui augmente,
notamment chez les conductrices », et s'ils font moins de kilomètres qu'un
conducteur moyen, tout en ayant des « stratégies de compensation, par exemple
en évitant de conduire dans des conditions difficiles ou en roulant moins vite
que les autres » leurs accidents sont plus graves en termes de risque de
blessures et mortalité par personne, car ils sont plus fragiles et vulnérables.
Les statistiques montrent qu'ils sont « surimpliqués dans les accidents
d’intersection avec des problèmes de détection et d’estimation dans la tâche de
conduite », cependant, « le surrisque d’accident par kilomètre, observé il y a
quelques années chez les seniors, tend à diminuer, voire à disparaître si l’on
contrôle l’effet du kilométrage annuel parcouru »12.
• L'état de santé du conducteur ou
l'addiction à l'alcool13 ou à des produits stupéfiants ou encore la prise de
certains médicaments (sédatifs et anxiolytiques notamment) ; ceci a aussi une
grande importance en termes de facteur de risque et de gravité des accidents.
À titre
d'exemple, après des efforts de sensibilisation et une réglementation plus
sévère au Québec, « de 1991 à 1999, la proportion de conducteurs présentant une
alcoolémie supérieure à 80 mg a chuté de 50 % », cependant au début des années
2000, « la conduite sous l’influence de l’alcool est encore associée à environ
30 % des décès, 18 % des blessés graves et 5 % des blessés légers »13. Un
veuvage récent est aussi un facteur aggravant le risque d'accident14.
• Le degré de surestimation des capacités
du conducteur par lui-même. L'être humain est peut être naturellement et
inconsciemment soumis à de nombreux biais cognitifs et de perception (qui en
matière de risques d'accident routier, pourraient être encouragés par
l'abondante publicité sur les véhicules et par certains films où les
conducteurs semblent invulnérables), avec des nuances marqués selon le sexe,
l'âge et l'expérience15.
Les
psychologues ont montré qu'au XXe siècle en Occident, quand un individu se
compare à autrui, il estime presque toujours (et généralement à tort) être plus
compétent que les autres16,17,18et il pense aussi faire plus d’efforts19 pour
éviter ou ne pas provoquer les situations ou événements indésirables.
Ce biais
sociopsychologique nommé optimisme comparatif20,21 semble ancré dans la plupart
des pays d’Amérique du Nord et d’Europe ; il s'agit d'une croyance individuelle
très répandue faisant que « la majorité des automobilistes se considèrent moins
exposés au risque d’accident qu'autrui »22,23. Cette croyance peut être mesurée
en demandant à des personnes d’évaluer leur propre risque de rencontrer un
événement négatif en comparaison à celui d’autrui23. Cette croyance est plus ou
moins intense selon les automobilistes et leur histoire personnelle et de
conducteur. Certains se pensent presque invulnérables car protégés par un
véhicule solide et doté de moyens performants de freinage (ABS) et de
protection et/ou parce que très confiant en eux ; la plupart des gens
s'estiment plus compétents ou prudents qu'autrui et quand ils conduisent, et
s'estiment assez bon conducteur pour conduire sans danger (« capacité perçue »)
et être en mesure d’éviter l’accident (« contrôle subjectif »), bien que
certains reconnaissent commettre des infractions. D'autres ont plus ou moins
l'impression d'avoir tirés des leçons de prudence quand ils ont déjà été
impliqués en tant que conducteurs ou en tant que passagers dans un ou plusieurs
accidents « (expérience directe de l’accident) » ou connaissent des proches ou
gens de leur entourage ayant été accidentés (« expérience indirecte de
l’accident »), ou « encore considèrent que la situation à juger est une cause
fréquente d’accident (fréquence perçue de l’occurrence de l’accident) » ; Une
évaluation ainsi biaisée et irréaliste (dans le sens d'une surestimation de ses
propres compétences de conducteur) semble fortement impliquée dans le risque
d'accident chez les automobilistes16,24,25,26. On pourrait penser que chaque
conducteur tire les leçons de ses accidents, mais la littérature scientifique a
produit des résultats divergents de l'expérience individuelle sur l’« optimisme
comparatif »25,27. Par exemple des auteurs concluent à un faible lien voire à
une absence de lien entre les antécédents d’accidents et l’optimisme
comparatif28,29,30 ; d'autres concluent à un lien négatif31,32 ou trouvent un
lien positif33.
« Les
automobilistes qui ont été impliqués dans un ou plusieurs accidents en tant que
conducteurs ou en tant que passagers, comparés à ceux qui n’en ont pas eu,
pourraient manifester davantage d’optimisme comparatif si, depuis leur
expérience, ils ont modifié leur comportement dans le sens d’un plus grand
respect du code de la route ou de l’adoption de précautions de sécurité »34.
Quand un
accident s'est produit il y a longtemps, ses effets de renforcement de la
prudence peuvent se réduire35.
Post a Comment